En dépit de leurs efforts, environ 35 activistes israéliens et 8
internationaux sont parvenus à atteindre Bil’in pour se joindre aux
villageois, dans leur manifestation hebdomadaire contre le mur qui est
construit sur leurs terres.
Aujourd’hui comme d’habitude, la manifestation est partie de
l’extérieur de la mosquée et s’est dirigée vers le chantier de
construction à l’extérieur du village.
Encore une fois, les manifestants ont trouvé un grand nombre de
soldats qui leur barraient le chemin. Les soldats se sont retrouvés
face à leurs propres réflexions, emprisonnés derrière une rangée de
miroirs posée devant eux.
Une banderole disait : "Je ne faisais que suivre les ordres".
Le message était clair pour ces soldats, ils ont été engagés dans des
crimes de guerre, et ils risquent tous d’être tenus pour responsables à
titre individuel. Un international a pris un mégaphone pour appuyer
le message, en lisant une lettre des villageois de Bil’in :
"Soldat,
S’il te plait, attends une minute avant de braquer ton arme. Toi et tes
amis êtes sur notre terre et il y a des choses que nous voulons que
vous sachiez.
Vous devriez savoir que les colonies, et le mur qui est construit pour
assurer leur expansion, sont illégaux selon le droit international, de
même que la punition collective que vous infligez à notre village.
Des généraux israéliens comme Aluf Doron Almog et Shaul Mofaz ont dû
s’échapper de Grande-Bretagne afin d’éviter d’être jugés pour des
crimes contre l’humanité. Vous devriez également savoir que dans une
cour internationale, les soldats ne peuvent pas compter sur l’excuse
"d’avoir seulement suivi les ordres."
Un jour, vous pourriez etre jugés pour ce que vous faites aujourd’hui.
Que direz-vous pour votre défense ?
Le mur que vous vous protégez transforme notre paisible village en
prison. Mais quand le mur sera achevé, vous deviendrez également ses
prisonniers.
En attendant, les Israéliens sont encore libres de choisir ce qui se
produira. Vous êtes libres de cesser de commettre des crimes de guerre
et de nous joindre dans une lutte pour un futur commun sûr, tranquille
et prospère. Aidez-nous à gagner notre liberté et vous aurez la
sécurité que vous désirez.
Nous savons que vous avez été envoyés ici avec des ordres pour vous
assurer que la coopération entre les Palestiniens et les Israéliens ne
se produit pas. Mais vous, en tant qu’individu, vous pouvez toujours
choisir.
Si vous étiez venus ici en tant qu’invités, en ce moment, nous vous
montrerions les arbres que nos grands-pères ont plantés, les légumes que
nous faisons pousser et les galets de pierre avec lesquels nous jouions
quand nous étions enfants."
Les soldats ont certainement reçu le message. Les protestaires ont
attendu, et se sont demandés s’ils s’en souciaient.
La manifestation atteindrait le mur aujourd’hui. Les Palestiniens, les
Israéliens, ainsi que les Internationaux se sont éloignés des
soldats qui leur barraient toujours le chemin. Les soldats les ont
poursuivis, s’élançant en une seconde dans une course vers le chantier
de construction. Apparemment peu satisfaits de ce résultat, les soldats
ont rapidement arrêté 10 manifestants avec le type de brutalité
raffinée qui n’est pas égalée.
Leur déclaration faite, les manifestants se sont retirés pour s’asseoir
dans les oliveraies. Les soldats les ont encore suivis.
Ils se sont
approchés d’un groupe en particulier, assis sous un arbre, qui
discutait de ce qu’ils devraient faire. Le seul Palestinien assis dans
ce groupe, Mohammed (coordinateur des Israéliens et des internationaux
à Bil’in) a été choisi pour être arrêté. Les Israéliens et les
internationaux ont bloqué les tentatives des soldats de l’empoigner,
gagnant assez de temps pour s’éloigner vers le village et s’arrêter
pour se reposer sur une colline donnant sur les oliveraies et le tracé
du mur. Les soldats les ont encore suivis, en s’arrêtant et se
déployant en ligne dans les arbres.
Par la suite, des heurts ont éclaté
entre les shebab et "l’armée la plus morale au monde".
Aux pierres, les soldats ont répondu avec du gaz lacrymogène et des
balles en caoutchouc. Puis, essayant de chasser les journalistes et les
médias et les activistes qui filmaient, les soldats ont commencé à
tirer des grenades de gaz lacrymogène directement sur les
gens. Ce n’est pas une nouvelle tactique de leur part et ils ont eu un
succès considérable en infligeant des blessures sérieuses de cette
façon par le passé.
Ce jeu du chat et de la souris a continué jusqu’à environ 16h, quand il y
a eu une forte explosion provenant du chantier de construction du mur.
En quelques minutes, les shebab a commencé à revenir dans le village.
Ils craignaient que cette explosion ait été un stratagème de l’armée,
utilisé comme prétexte pour intensifier le niveau de violence et
l’utilisation de balles réelles.
Leurs soupçons avaient déjà été éveillés la nuit précédente quand les
soldats avaient été vus à creuser de façon inabituelle dans le secteur de
l’explosion et placer des sacs de sable autour.
Les shebab partis, de nombreux soldats se sont amassés à l’entrée au
village. Un groupe de soldats a commencé à frapper à la porte d’une
maison sur les périphéries du village.
Craignant une autre invasion du village, les Israéliens et les
internationaux se sont rassemblés près de cette maison, sur la route
menant au village.
À 17h, les soldats ont soudainement fait demi-tour, et quitté le
village, laissant beaucoup de perplexité derrière eux.